Réalisé par Avec Felix Kammerer, Albrecht Schuch, Aaron HilmerPays: Genres : Guerre, Drame, Action Durée : Année de production : |
7.5/10 |
Adaptation du roman éponyme d’Erich Maria Remarque, publié en 1929, et troisième adaptation du roman de l’auteur, après celle de Lewis Milestone (1930) et le téléfilm de Delbert Mann (1979), A l’ouest rien de nouveau est une œuvre réaliste et poignante.
Pas d’esbroufe dans le scénario, le film décrit jour après jour, heure après heure, les moments clefs de la Première Guerre Mondiale. Au cœur des tranchées, les soldats Allemands et Français se livrent un combat sans merci, totalement suicidaire dans leurs approches. L’immersion est totale, la réalisation nerveuse et les acteurs probants. Les conditions sont crasseuses, froides et le conflit en devient totalement absurdes, surtout quand on voit le dernier assaut autodestructeur qui se propage un quart d’heure avant la signature de l’armistice. En parallèle de ces jeunes soldats de la « mort » que l’on suit et voit évoluer comme ils le peuvent dans cet enfer, le spectateur est contrebalancé dans les inébranlables délibérations diplomatiques de cette fin de conflit.
Certaines scènes sont rendues presque insoutenables de réalisme par la violence des combats mais aussi par le terrible quotidien de ces soldats miséreux. Des générations complètes se font massacrer parce qu’ils n’ont finalement pas le choix et sans savoir véritablement les enjeux qui s’engagent. On est bien éloigné de la caricature des soldats allemands. Il est intéressant de voir représenté un point de vue germanique, moins fréquent au cinéma que les points de vue Français et Américain. On ne peut qu’être touché par ce soldat allemand qui, après avoir poignardé un français au corps-à-corps, se trouve soudainement plongé dans un océan de remords et d’effroi. Ainsi, le spectateur va vivre cette expérience douloureuse, paradoxale sur le plan moral, vécu par les Allemands/Français, en voyant la guerre comme une absurde et vaine calamité de leur existence, désolante et sordide. D’autant plus qu’elle mettait les hommes, armes aux poings, face à face.
La mise en scène captive immédiatement, filmant de grandes étendues paisibles ou des forêts silencieuses avec une sublime photographie, souvent hivernale nous plongeant rapidement dans les tranchées. Couleurs grisâtres provenant de la terre retournée et des uniformes sales, les acteurs sont tous remarquables dans leur transposition. Le récit presque documentaire, évoque de nombreux détails de la vie au front. Œuvre profondément antimilitariste, il est juste dommage de voir quelques longueurs qui entachent parfois l’émotion et le rythme. Avec une petite demi-heure en moins, le film aurait gagné encore en intensité et en accessibilité pédagogique. Enfin, notons une musique grandiloquente (Volker Bertelmann) qui s’occupe à merveille de l’espace sonore, surtout quand les cuivres retentissent. Ça fait froid dans le dos!
Parfaite illustration de la Première Guerre Mondiale. La noirceur des paysages français écrasés sous les bombes, la cruauté des officiers et la mégalomanie des dirigeants de l’époque rendent cette œuvre puissamment éducative. Un film qui mérite d’être reconnu, histoire de ne jamais oublier!