Black flies (2023)

Black Flies

Réalisé par Jean-Stéphane Sauvaire Avec Tye Sheridan, Sean Penn, Katherine Waterston Pays:  États-Unis Genres : Drame, Thriller Durée : 2 h 00 min Année de production : 2023

5/10

Sean Penn de nouveau à Cannes et ce n’est pas bien glorieux! Adapté du roman 911 de Shannon Burke, Black Flies peut être intéressant sur le papier en allant dénoncer les dysfonctionnements des ambulanciers de New York, mais la maitrise de la mise en scène est assez banale. Jean-Stéphane Sauvaire nous abreuve de sons et d’images saccadées, avec un contraste appuyé et des couleurs criardes sans parler du son hurlant des sirènes. La première partie n’est qu’une succession de faits similaires assez pathétiques qui captivent peu le spectateur même si la dynamique reste honorable. Bien trop ancré dans les documentaires du genre, cette fiction a du mal à se détacher et nous tenir en haleine. Les clichés du buddy movie, avec le binôme du vieux désillusionné et du jeune en initiation, sont sans saveur. La psychologie des protagonistes reste sommaire malgré l’affront qu’ils cultivent avec la mort, la violence, la maladie, l’humain et l’inhumain. Sean Penn porte le film rien qu’avec sa tronche. Pour autant, son personnage est tellement caricatural qu’il demeure bien difficile de dégager une quelconque virtuosité d’interprétation et va rapidement se faire voler la vedette par Tye Sheridan.

La construction d’un arc narratif n’arrivera qu’en deuxième partie et donc bien trop tard. Le manque de profondeur est alors remplacé par un choix d’ordre moral qui questionne autant Sean Penn que le spectateur. Cependant, même si le choix douteux de Penn est digne d’une dissertation de philosophie, l’émotion ne fonctionne pas avec ce manque constant de profondeur. Le réalisateur s’attarde dans le chaos global des situations sur les gestes et les visages qui s’imposent à la caméra. Tout est dans la retenue, dans la douleur enfouie qui ne demande qu’à s’extirper en nous interpelant sur la santé psychologique des soigneurs. Une question plus actuelle que jamais, que pose le réalisateur par la force de son cinéma désespéré.

Pourtant pas totalement raté, mais bien trop anecdotique, Jean-Stéphane Sauvaire tente de donner en vain une tournure fictionnelle et réaliste à son œuvre. Mais qui ne fonctionnera juste le temps d’un festival.