Envisager de gravir les cimes lorsque l’on grandit dans une forêt de béton n’est pas chose facile.
7.5/10 |
Présenté en film d’ouverture du Cinéma Positif durant le Festival de Cannes, Des Quartiers au Sommet dévoile un documentaire autant pédagogique que culturel. En effet, pour leur premier film, les réalisateurs Marine Bourguignon-Trombini, enseignante, et Loïc Preghenella, accompagnateur en montagne, vont se lancer dans une grande aventure avec l’ascension du Monte Cinto accompagné de 30 élèves de deux collèges différents (Saint-Denis et Cannes). Dès lors que les images sont projetées, le spectateur découvre l’envergure du travail d’accompagnement des élèves citadins, issus d’un milieu social défavorisé, qui devront réaliser une ascension qu’ils ne pouvaient même pas se permettre d’imaginer. Pleinement impliqué, un élève réalisera même l’affiche du projet.
Le film ne dévoile pas que la difficulté d’une excursion, il relate tout le travail mis en œuvre pour préparer les élèves à ce périple. De l’observation de la faune et de la flore en milieu urbain, à la préparation d’un typique sac de randonnée, rien n’est écarté pour ces futurs « marcheurs ». L’initiative pédagogique de la part de l’enseignante est ambitieuse, mais le défi est-il finalement réalisable ?
Même si le documentaire ne montrera pas l’aspect du financement et de la construction du projet d’un point de vue administratif, le programme se dévoile graduellement à l’image. La caméra n’est présente que pour les jeunes qui vont tenter une riche expérience éducative et sportive. Entrecoupés d’interviews de l’équipe du film, les élèves interagissent avec leurs propres expressions et leur innocente répartie. Les moments sont souvent joviaux, même si l’appréhension de l’ascension se fait parfois ressentir dans les yeux de certains d’entre eux.
À l’image des randonneurs, la caméra dompte les sols rocailleux de Corse, avec des plans-caméra au plus près des protagonistes et des prises de vue en drone dévoilant l’envergure du projet. La mise en scène est incroyable, même si maladroitement le documentaire s’introduit par un « teaser » de l’ascension dévoilant trop rapidement que le défi de l’enseignante sera réussi, nous annihilant l’effet de surprise. Mais le plaisir et la fierté des élèves sont communicateurs, le public ressent une certaine satisfaction de voir cette jeunesse réussir un défi de cette stature. La confiance en eux semble prendre son envol à la hauteur du Monte Cinto. Et même si on aurait aimé voir le montage se terminer sur la cime de la réussite, les jeunes cinéastes prennent le parti de raconter aussi les déceptions d’une minorité d’élèves n’ayant pas réussi, rendant le documentaire toujours plus honnête et véritable.
Pédagogiquement, Des Quartiers au Sommet est bien plus qu’une montagne à franchir. Notre institution devrait prendre ce documentaire en exemple.