Synopsis:
Réalisé par Avec Joaquin Phoenix, Lady Gaga, Brendan GleesonPays: Genres : Drame, Crime, Thriller Durée : Année de production : |
5.75/10 |
En s’éloignant de la noirceur brute et des tensions sociales du premier volet, Todd Philips prend un virage audacieux vers une comédie musicale, un choix qui, s’il intrigue sur le papier, s’avère ici peu pertinent. En effet, le choix de la comédie musicale aurait pu être une véritable force, un moyen audacieux d’explorer le monde intérieur d’Arthur et son dédoublement de personnalité. Mais ici, ce parti pris tombe à plat. Les morceaux manquent cruellement d’émotion ou d’énergie, et leur placement dans le récit paraît souvent maladroit. Pire encore, les chants ne parviennent ni à marquer les esprits ni à enrichir la narration malgré la présence de lady Gaga.
Cependant, le film intègre une critique de la médiatisation des actes violents et de la fascination morbide qu’ils suscitent. La manière dont Arthur devient malgré lui une icône pour une société en perdition dévoile une face scénaristique intéressante à exploiter. Avec un Joaquin Phoenix qui reste la pierre angulaire du film, son interprétation est de nouveau habitée, puissante, et il parvient à incarner à la perfection la fragilité et la folie de son personnage. Cependant, le matériau dont il dispose semble bien moins inspiré. Arthur Fleck a perdu de son mystère, de sa perversité, et son arc narratif peine à captiver. Les moments marquants se font rares, et ce Joker semble n’être que l’ombre de lui-même. De plus, Gotham n’est pas mis en avant, Joker prend son envol en expulsant au passage tous les personnes iconiques de la métropole. Là où le premier film avait su s’imposer comme un drame psychologique intense, cette suite tâtonne entre les genres sans jamais trouver sa voix. Les fans du Joker espéraient une nouvelle œuvre marquante. Ce qu’ils obtiennent, c’est un procès attirant mais suicidaire, dépourvu de l’étincelle qui animait son prédécesseur.
Là où le premier film brillait par sa gravité et sa profondeur, cette suite s’égare dans une structure artificielle et inutilement longue. Le rythme est languissant, alourdi par une narration qui manque d’énergie et de direction. Si certaines séquences tentent de justifier l’approche musicale, elles semblent souvent déconnectées du récit principal, peinant à convaincre ou à émouvoir. Malgré une vision artistique à contre-courant, les parties fantasmées dévoilant la folie du personnage auraient pu enrichir l’histoire mais finissent par paraître creuses. Harley Quinn est sous-exploitée, réduite à une présence décorative. La relation entre Arthur et elle, censée incarner une folie à deux, manque d’alchimie et de tension. On attendait une explosion, on n’a droit qu’à des étincelles fugaces.
Joker : Folie à Deux ambitionne de surprendre avec son audace formelle, mais échoue à retrouver la profondeur et l’impact émotionnel du premier film. Bien que le jeu de Joaquin Phoenix demeure irréprochable, le récit s’enlise dans des choix artistiques discutables et des thématiques déjà maintes fois explorées, plongeant davantage dans une mélancolie pesante que dans une véritable folie.