Synopsis:
Réalisé par Avec Nicholas Hoult, Toni Collette, Chris MessinaPays: Genres : Crime, Drame Durée : Année de production : |
6.75/10 |
À 94 ans, Clint Eastwood poursuit son chemin de réalisateur avec une constance et une cohérence remarquables. Toujours fasciné par les dilemmes moraux et la question de la responsabilité individuelle, il s’attaque ici à un thème aussi complexe que captivant : la Justice.
Clint Eastwood brille dans sa capacité à poser des questions morales sans imposer de réponses évidentes. Les thématiques de la culpabilité, de la justice et de la responsabilité individuelle sont abordées avec finesse, même si certains choix scénaristiques, notamment dans le dénouement, peuvent laisser un goût amer.
Avec Juré n°2, Clint Eastwood nous livre un film imparfait mais captivant, qui mêle maîtrise du récit, densité du suspense et profondeur des enjeux moraux. La filiation avec 12 hommes en colère de Sidney Lumet est évidente, mais réduire ce long-métrage à un simple remake serait une erreur. Le réalisateur transcende ici le cadre du tribunal, multipliant les scènes en dehors des délibérations du jury pour explorer le dilemme de son personnage principal, Justin Kemp, incarné par un Nicholas Hoult irréprochable. En effet, ce dernier excelle dans son rôle d’Américain moyen confronté à des choix impossibles, incarnant à la perfection le poids de la culpabilité et des responsabilités.
La mécanique du « chat et de la souris » entre Nicholas Hoult et J.K. Simmons aurait pu être l’un des moments forts du film, mais elle ne trouve jamais réellement sa place. Bien que la présence de J.K. Simmons soit un atout, son rôle reste sous-exploité, et les prémices de cette confrontation haletante sont abruptement interrompus par l’expulsion de son personnage du tribunal.
Toni Collette brille dans son interprétation de la procureure : déterminée et incisive, elle incarne à la perfection l’intuition et la ténacité, apportant une véritable densité à son personnage. Cependant, la fin, bien qu’émotionnellement chargée, manque de tranchant et s’appuie sur des raccourcis narratifs. La conviction de pouvoir identifier le véritable coupable (bien que nous, spectateur, nous savons qui est le coupable) semble plus guidée par un sentiment personnel, une sorte d’intuition féminine, qu’une analyse objective des faits. Cette dynamique est intéressante, mais elle manque d’éloquence, et l’absence de fondement solide rend le dénouement moins crédible. Cette approche subjective crée une tension qui aurait pu être plus convaincante si les motivations de la procureure étaient mieux développées, permettant au film de mieux approfondir son questionnement moral.
Sur la forme, Clint Eastwood s’appuie sur son classicisme épuré, sans jamais céder aux sirènes de l’esbroufe ou des effets de style. Si certains y verront une forme d’académisme, ce choix témoigne d’une confiance assumée dans une mise en scène sobre et intemporelle. Le montage resserré permet de maintenir une tension constante et de plonger le spectateur au cœur des dilemmes moraux du protagoniste, tout en exposant ses contradictions et ses motivations.
Juré n°2 n’est pas un chef-d’œuvre, mais c’est un excellent film de procès, subtil et réfléchi, qui témoigne du talent et de la sagesse d’un Clint Eastwood au sommet de son art. Si la durée et quelques facilités scénaristiques peuvent freiner l’enthousiasme, l’ensemble reste une œuvre brillante, portée par des messages forts et une mise en scène exemplaire.