Réalisé par Avec Pili Groyne, Benoît Poelvoorde, Yolande MoreauPays: Genres : Comédie, Fantastique Durée : Année de production : |
7/10 |
Si vous croisez un passage temporel au fond de votre lave-linge et que vous pensez que l’incarnation de Dieu est Benoit Poelvoorde, alors ce film est fait pour vous!
Sous forme de comédie, Jaco Van Dormael va revisiter le nouveau testament à la sauce belge. Dès l’introduction, on est rapidement mis dans le bain avec un Benoit Poelvoorde en grande forme plongé dans un environnement qui le caractérise si bien. Benoit fait du Benoit et il le fait magistralement. Tous ses passages qu’il faut prendre au 34ème degré sont excellents. Un décalage qui nous rappel étrangement Atomik Circus, qui ciblait plus le comique de la science-fiction. Acerbe et grognon, notre héros va se lancer dans la création du monde, là où Bruxelles a été le commencement. Dès lors où il illustre ses règles de l’emmerdement universel telles les lois de Murphy, on découvre avec le sourire des situations de notre quotidien poussées à leurs paroxysmes. Il est odieux mais c’est divin!
Ea, la fille méconnue de Dieu et sœur de J.C va alors conter l’histoire, un peu comme sa consœur Amélie Poulain l’avait fait chez Jeunet. La craquante petite fille transporte d’une façon poétique l’intrigue. Dès lors où cette dernière annonce la date précise de la mort des gens, nous sommes captivé par des situations aussi drôles que cocasses. Finalement, le film aurait été pleinement satisfaisant si on s’était cantonné à cette seule idée de connaitre sa propre mort. En effet, malheureusement tout n’est pas réussi. Une bonne partie autour des apôtres manque cruellement de sens. Les aventures de ces 6 derniers, même si cela est une excuse pour le réalisateur pour se projeter dans 6 univers différents, sont bien moins toniques et drôles que les passages de Sir Dieu! Le rythme fluctue et les personnages sont improductifs. Difficile de trouver la signification de chaque apôtre, pas toujours en rapport avec Dieu, que ce soit celui du film ou celui de la bible. Qu’apporte finalement ces 6 apôtres? Qu’on veuille réécrire la genèse de la bible pourquoi pas, mais il aurait fallu garder un cap, tout aussi drôle que le début du film, quitte à ne pas passer par la case Pierre, Paul, Jacques, ici le tueur, le pervers ou la zoophile.
Si nous sommes surpris de voir Catherine Deneuve troquer son mari pour un gorille, on oscille entre l’idée contradictoire de voir une actrice qui n’a plus rien a prouver, libre, qui connait la dérision et… le suicide artistique! François Damiens et Yolande Moreau, aux environnements particuliers, attendaient le bon film pour se trouver. In fine, ils prendront finalement peu de place, face à la multitude de personnages existants et auraient mérité un approfondissement un peu plus poussé dans cette construction totalement absurde. N’oublierons pas Kevin, le jeune qui surfe sur les réseaux sociaux pour défier sa mort en fil rouge de l’intrigue, qui déclenchera quelques hilarités dans la salle.
Le réalisateur, préoccupé de rendre son histoire très imagée, imposera quelques jolies trouvailles visuelles. Il y a plein de petits effets sympathiques, des surimpressions d’images, des trackings sobres ou des fonds joliment colorés. Il est dommage que le réalisateur n’est pas gardé cette sobriété et qu’il pousse le vice jusqu’à des désagréables incursions telles que le poisson virtuel bien agaçant. Quand à la photographie, elle est magnifique. On sent l’effort de mise en scène derrière avec des couleurs vives dans le monde extérieur et le contraste très terne dans la maison de dieu, à l’image de son personnage. Entre musiques classiques et variétés françaises, la bande-originale est réussie. Chaque personnage associé à une musique rythme de façon efficace le film.
Inventif, absurde et poétique, le film reste très inégal. Bien que le réalisateur soigne ses images et que Poelvoorde contribue à les rendre drôles, les moments de fulgurance ne suffisent pas à sauver totalement cette comédie humaine qui s’embourbe dans son propos.
Première critique Cannoise! Les autres arrivent…
Gaëlle Pacaud-Marchi liked this on Facebook.