Réalisé par Avec Ethan Hawke, Emma Watson, Aaron AshmorePays: Genres : Horreur, Mystère, Thriller Durée : Année de production : |
4.5/10 |
Alejandro Amenábar est une valeur sûre du cinéma espagnol avec une filmographie courte mais de qualité avec des œuvres souvent marquantes dans leur genre. Avec Regression, il revient à ses premiers pas de jeune réalisateur en réalisant de nouveau un thriller. Malheureusement, c’est sa première œuvre très passable, dont l’intérêt du sujet se suit plus favorablement en lisant les écrits sur Wikipedia que de les vivre à travers les yeux de son héros Ethan Hawke.
Si le point de départ est plutôt intéressant, le rythme du film est assez mal découpé. Même si l’ambiance est relativement bien retranscrite, la psychologie des personnages, vecteur majeur de l’intrigue, est effacée au dépens d’une histoire vraie autour d’une vaste manipulation sur fond de secte satanique. Amenábar certainement passionné par ce sujet mystérieux, qui m’a poussé à lire quelques articles autour de la régression, a voulu le mettre en images pour y apporter une conclusion fumeuse autour d’une thérapie aujourd’hui abandonnée. Le parallèle entre les mystifications de la croyance scientifique et celles de la croyance religieuse est un peu bancal. L’intrigue ne nous met pas assez en haleine et les dernières images nous laissent songeurs et demandeurs, au contraire d’un bon article bien référencé.
La régression, thérapie pseudo-scientifique et outils d’investigation courante dans les années 70, voulait se démarquer de la psychiatrie traditionnelle. Si l’hypnose médicale est une méthode qui repose aujourd’hui sur des bases théoriques scientifiques solides, celle de la régression a causé des dégâts considérables chez leurs patients et leur entourage qui se retrouvaient accusés de pédophilie, induits par des faux souvenirs. Le mal est à l’interieur de nous! Amenábar se penche ainsi sur ces malheureux destins sans y intégrer « théories » ou « engagements ». Le réalisateur n’effleurera que les impressions, le ressenti et les images mentales d’une régression avec ses faux souvenirs. Heureusement que l’on a le droit à la scène de thérapie en audio en parallèle de l’enquête d’Hawke, qui appuie sur certaines croyances et endoctrinement, même si on aurait préféré voir une séquence marquante et brutale à la place de quelques flash-back futiles! De plus, Emma Watson n’est pas bien convaincante et sur le coup Ethan Hawke ne l’épaulera pas réellement, unis par l’enquête, détaché dans leurs relations.
Le scénario ne fera que la constatation des failles autour de ce procédé, en y démontrant que la remontée des souvenirs oubliés lors d’un trauma peut être totalement fortuite et inventée par notre subconscient. Fantasmes, irrationalité, émotions et croyances, le mystère sur les faux souvenirs est nébuleux, notre cerveau est bien plus complexe qu’un disque dur, influencé par nos affects et croyances populaires. Il aurait été bon de s’engager dans certaines hypothèses quitte à faire rentrer le film dans des pures spéculations fantastiques. Regression aurait gagné en intérêt sans nous laisser sur un simple épilogue écrit faisant office de conclusion.
On attendait beaucoup du retour d’Alejandro Amenabar après 6 ans d’attente. Si le sujet est intéressant à travers les lignes de Wikipedia, les rouages et le déroulement de l’enquête sont classiques et rendent l’ensemble du film plat et monotone. Même s’il n’existe pas de réelle conclusion sur le fonctionnement de notre cerveau durant une régression, il aurait été bon de jouer un peu plus sur ces fameux « faux souvenirs » pour rendre l’intrigue un peu plus croustillante, quitte à se détacher de l’histoire vraie.