Réalisé par Avec Merab Ninidze, György Cserhalmi, Balsai MónikaPays: Genres : Drame Durée : Année de production : |
6.75/10 |
Sur la forme, La lune de Jupiter est une belle surprise. Venant des contrées Hongroise, le long-métrage mêle des plans-séquences magistraux et des mouvement de caméra de haute envolée. La réalisation de Kornél Mundruczó est très photographique, on ressent réellement l’investissement du bonhomme à nous livrer des plans esthétiquement travaillés.
Dès le départ avec des scènes sous-marines prenantes et une course poursuite détonante, on est à la fois happé par les images et la dure réalité des migrants qui cherchent à s’échapper de leur pays. Une réalité bien ancré dans notre quotidien qui renforce la dureté de l’introduction. Puis… un migrant est abattu. Dès lors, le fantastique s’installe rapidement et nous captive avec la lévitation du personnage. On cherche à comprendre où veut aller le réalisateur, pourquoi le personnage vole-t-il dorénavant?
En détournant l’image d’un ange, le personnage, au père charpentier que le réalisateur aurait presque pu appeler Joseph, est rapidement accompagné de son « apôtre », médecin. Le fantastique est alors rapidement renforcé par un message christique entre foi et religion. Cependant, il est dommage que le film s’étire en longueur avec des scènes parfois redondantes même si souvent impressionnantes. La chasse à l’homme s’éternise et n’apporte plus grand chose sur la dernière partie du film. On a l’impression que le réalisateur revisite constamment ses mêmes scènes. On se lasse petit à petit et la fin nous laisse certes rêveur mais sur une morale inconsistante, certainement un appel à l’imagination et au débat mais le scénario est un peu faible pour totalement se plonger dans la réflexion. Sans rentrer forcément dans de profonds débats, le spectateur s’interrogera au moins sur ce qu’est devenue la « Croyance » dans un monde devenu de plus en plus austère.
La lune de Jupiter, un titre qui nous rappel que le satellite de la planète appelé Europa, elle-même capable théoriquement d’abriter la vie, est une drôle de contradiction avec l’Europe que nous sommes en train de (dé)construire.
Le fort potentiel du fantastique installé dans une réalité déchirante, fait de ce film une étrangeté du festival de Cannes pas désagréable à découvrir. La grande maîtrise du cadre et de réalisation ne sauvera malheureusement pas les réels défauts d’écriture et de ton de ce « curieux » scénario.