Réalisé par Avec Ivan Massagué, Antonia San Juan, Zorion EguileorPays: Genres : Drame, Science Fiction Durée : Année de production : |
6/10 |
Si l’influence de Snowpiercer, entre huis clos et film social, se fait ressentir, le dernier-né de chez Netflix fait couler pas mal d’encre. Anxiogène, l’ambiance de La plateforme est une vraie réussite avec une esthétique froide mettant rapidement le spectateur dans le contexte.
L’idée est farfelue dans cette prison élaborée sur plusieurs étages, métaphore de la pyramide. La plateforme, aussi absurde qu’angoissante, s’ouvre à différentes interprétations et réflexions sur notre état d’esprit face à la nourriture, la survie, les inégalités, l’égoïsme, l’individualisme. Goreng, intimement lié et ressemblant à Don Quichotte, tentera ici de combattre la justice sociale contre une société espagnole totalitaire. Le réalisateur bouscule ainsi le spectateur sans ménagement, à la limite de l’écœurement. On est face à une histoire sordide dans un huis clos anxiogène et mortel.
Mais voilà, le bât blesse sur sa conclusion se heurtant aux différentes allégories déviantes et difficiles à mettre en œuvre. Même le réalisateur reste flou sur la question. Au contraire de Cube, qui laissait la part à beaucoup de spéculations et questionnements en laissant planer un mystère, La Plateforme nous livre trop peu d’informations et n’est jamais véritablement à la hauteur de son message. La jeune fille du 333ème étage nous interroge, tout comme le retour de la panna cotta. Deux thèmes abordés qui n’ont pas véritablement de lien et qui auraient mérité d’être unique. Soit se pencher sur le mystère de la petite fille, née ici ou introduite dans la prison, réelle ou pas, devenant message de délivrance en détournant les règles de la prison. Soit approfondir un peu plus le mystère du cheveu sur la panna cota, laissant entrevoir un plat retourné brisant les barrières entre les pauvres et les riches, annihilant le charognard du maître de maison.
La Plateforme est un OVNI intéressant ouvrant le débat sur un thème universel et d’actualité sur « l’enfer, c’est les autres » (Sartre). Cependant sa conclusion gâche tout ce qui avait été, jusque-là entrepris, en laissant le spectateur dans un questionnement avide d’éléments constructifs.