Réalisé par Avec Haley Joel Osment, Frances O'Connor, Sam RobardsPays: Genres : Drame, Science Fiction, Aventure Durée : Année de production : |
8/10 |
Fruit d’un travail commun entre Stanley Kubrick et Steven Spielberg, A.I. est un film de science-fiction à la réalisation parfaite maniant avec efficacité l’émotion. Une œuvre unique en son genre, offrant de multiples photographies [la fée bleue, les androids, Rouge city, Manhattan du futur, la fête foraine…] devenus cultes.
Le film crée une véritable réflexion autour de l’amour jusqu’à se poser la question: « Qui est esclave de l’autre, l’homme ou la machine »? David est un robot programmé pour aimer inconditionnellement ses parents, mais rien n’assure qu’il soit aimé en retour. Sa mise en place dans la famille est troublante et la réaction de la mère est incommodante. David semble largué mais veut aimer sa famille. Sa cohabitation avec son frère est glaçante avec des scènes mémorables entre son repas d’épinards et la plongée dans la piscine, la position de David est toujours incertaine. Dès lors où David sera rejeté de sa famille dans un des moments les plus déchirants que le cinéma ait pu offrir, son seul objectif sera de devenir un véritable enfant, suivant en cela le mythe de Pinocchio, pour pouvoir se faire aimer de sa mère adoptive.
De ce lourd évènement que le spectateur aura du mal à digérer, continuant à pleurer le petit David, ce dernier partira dans une quête identitaire étonnante dans un monde extravaguant, ne faisant en aucun cas perdre au film sa force réflexive et politique. Il y rencontrera son compagnon de route Gigolo Joe, android du sexe, qui n’existe que pour offrir de l’amour, lui aussi, même si la méthode est bien différente (rires). La séquence de foire où les robots sont détruits en public devant une foule hystérique est d’une violence inouïe mais ouvre une voie ouvertement mélodramatique.
Haley Joel Osment, enfant star de l’époque, est juste excellent dans le rôle de ce jeune androïde. Il dévoile une belle sensibilité dont le jeu, intense et profond, surprend par sa maturité. Jude Law, qui joue à merveille de son image très lisse sera un bon lien pour l’amener vers une conclusion fantasmagorique « d’un autre temps ». Le dernier saut de 200 ans est à la fois fascinant mais tout aussi déconcertant. Ces êtres venus d’ailleurs viendront conclure l’histoire de façon atypique, laissant le spectateur songeur. Mais les dernières minutes sont inoubliables parce que le drame, indéniable et terrible, confine paradoxalement à l’apaisement. Spielberg nous offre un véritable faux happy-end, nous laissant entre sourire et larme, toujours accompagné de John Williams qui réalise ici un très bon travail sobre et émouvant.
Entre science-fiction et conte de fées, Spielberg dans l’ombre de Kubrick réalisera un conte métaphysique populaire, ambitieux, touchant et sophistiqué entre fêtes foraines apocalyptiques et un funeste Manhattan englouti. Peut-être le plus étrange des Spielberg mais incontestablement le plus touchant!