Réalisé par Avec Bradley Cooper, Kyle Gallner, Cole KonisPays: Genres : Guerre, Action Durée : Année de production : |
8/10 |
Les plus grands réalisateurs ont fait leur film de guerre. Entre Spielberg, Kubrick, Coppola, Mendès, Tarantino, Stone, et même Annaud, chacun a donné de sa personnalité en créant un film de guerre persuasif. Eastwood avait déjà approché le thème avec le diptyque Iwo Jima et brillera de plus belle avec le tyrannique American Sniper.
Au cœur d’une guerre de proximité, nous suivons l’histoire vraie de Chris Kyle, ce bouseux Texan qui végétait jusqu’à ce que sa fibre patriotique ne se réveille, ce soldat réputé ayant le nombre de victimes le plus élevé à son actif. Avec près de 225 personnes abattues, 160 tirs létaux seront officiellement confirmés par le Pentagone. Tireur hors pair de la Navy Seal, il deviendra le prisme à travers lequel Clint Eastwood fait le choix de montrer la guerre en Irak. Interprété par Bradley Cooper, on sent immanquablement que l’homme est totalement habité par son métier. Avec un sang froid le rendant insensible et totalement inhumain, il va abattre ses victimes au nom de la nation. Saisissant sur le plan de l’émotion et de l’effroi, Bradley Cooper, signe une interprétation éloquente qu’il sublimera par un regard vide répondant à l’état d’esprit de ce soldat en proie à ses démons. Catalogué à la comédie US, ce ne fût pourtant pas simple pour Cooper d’être convaincant sur la première partie du film.
Mettre en images un soldat qui sera la fierté d’un pays n’a pas pour autant l’objectif de faire l’apologie de la guerre. Eastwood raconte les horreurs d’un combat quotidien avec un réalisme qui nous émeut, qui nous dégoute, un sujet d’actualité qui nous touche plus encore aujourd’hui alors que notre propre pays est en deuil (15/11/15). Quasiment en immersion complète dans les combats, on vit totalement les affrontements. Et quand il est question d’abattre un ennemi qu’il soit homme, femme ou enfant, on s’interroge sur la légitimité de détruire une vie, qui cherche elle aussi à combattre son propre ennemi. Eastwood sait habilement retranscrire les dangers imminents d’une guerre sans merci, même campé derrière la lunette de son snip’. On est dans le chagrin à force d’observer impuissant ce père de famille renversé par les bombes et « enquiquiné » par des barbares à qui on a déformé la religion pour leur soustraire toute forme d’humanité. La scène de la perceuse sera l’apogée de cette bestialité brutale.
Par contre, c’est quoi cette fin rapidement expédiée qui gâche le plaisir imposé jusque là par Eastwood! Pourquoi l’expédiée d’un revers de main avec une simple explication titrée? Surtout qu’elle aurait été pleine de sens à être mise en images. Même hors zone de guerre, elle est la conséquence des dégâts post-traumatiques profonds d’un combat impropre à l’homme et démontre tout le dysfonctionnement qui en découle d’un retour à la vie réelle. Dommage de finir ainsi, surtout quand Papy Clint, du haut de ses 85 ans avait assuré aux frontières d’un monde craintif qui mêle lutte armée et inhumanité.
Avant tout un biopic, plus qu’un patriotisme estampillé ou une propagande déguisée, c’est dans une guerre à la violence physique et psychologique, avec un système qui fabrique autant qu’il ne détruit ses soldats, qu’Eastwood s’affaire. Un film choc, une œuvre troublante, du très grand art sublimé par la patte inspirée d’un monument du cinéma.
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