Bacurau (2019)

Sous ses airs mystérieux, Bacurau, western moderne brésilien, est un film brouillon qui mériterait de repasser par la salle de montage pour être pleinement jouissif. En effet, le film est très long à démarrer. Le spectateur a du mal à s’installer dans ce monde aride, pauvre et décousu, avec ses drôles de personnages, en forme de parabole sur le Brésil d’aujourd’hui.

Bien trop contemplatif, avec une installation barbante, le scénario avait pourtant de quoi nous surprendre s’il avait été bien plus dynamique. Son allure de western vaguement barré dévoile une intrigue bien mystérieuse et pendant plus de la moitié du film le spectateur a du mal à trouver un fil conducteur au scénario. Entre drone OVNI, agents secrets et petit peuple d’un village paumé, Bacurau bouscule les genres.

Le film apportera son lot de satisfaction trop tardivement sur sa dernière partie, devant une chasse à l’homme grandeur nature, nous rappelant le concept de Westworld. Accessoirisée par de la musique electro, la violence humaine est percutante, de quoi nous éveiller après une longue attente devant la passivité des personnages et du manque d’intérêt du scénario. Le mystère se détache petit à petit vers une foudroyante révélation face à la cruauté et le profit de l’homme au détriment de lui-même. De ce fait, on se questionne sur l’appât lucratif qu’est Bacurau et dans un second temps, en regard du musée sur l’histoire du village, on se questionne sur la barbarie des habitants comparés à celle de l’homme moderne qui vient le conquérir. La volonté des cinéastes est de signer une fable politique au message incisif qui se heurte pourtant à un discours allégorique bien trop balourd pour être honnête.

Métaphore de la colonisation et des rapports humains, Bacurau aurait gagné en qualité avec une mise en scène et un découpage moins brouillon.