Réalisé par Avec Elina Löwensohn, Julia Riedler, Claire DuburcqPays: Genres : Fantastique Durée : Année de production : |
5/10 |
En puisant dans la mythologie celte, le réalisateur Bertrand Mandico met en images une œuvre totalement dingue, un véritable Objet Filmique Non Identifié, qui déroute sans relâche le spectateur, à travers une esthétique gothique et fantastique tranchante. Le personnage créé par Robert E. Howard étant tombé dans le domaine public, le réalisateur réinvente librement un récit prototypique et surprenant.
La résurrection du personnage Conan le Barbare qu’il projette dans un corps féminin, fait vivre une expérience novatrice entre théâtralisation et abîme de l’héroic fantasy. En féminisant son casting, il érotise ses images et porte un regard décalé, dans un univers étrange et burlesque, sur cette barbarie perpétrée par les hommes depuis la nuit des temps.
Difficile d’adorer le produit final, mais il faut reconnaître qu’il est une pièce de puzzle unique qu’il faut absolument avoir vu pour s’emparer totalement du 7ème art. Écrit par le réalisateur, le scénario est centré sur le chien des enfers Rainer qui, tout en parcourant les abîmes, raconte les six vies de Conann, perpétuellement mise à mort par son propre avenir, à travers les époques, les mythes et les âges. Ainsi, le scénario improbable mélangera les langues (anglais/français), la photographie (couleur/noir & blanc), et la temporalité (Moyen Âge – épées/monde moderne – guns).
Tourné en pellicule ou plutôt bricolé avec sa caméra super-16, le décor principal installe toute sa puissance à travers un noir et blanc incroyable grâce à des décors peint, eux aussi, en noir et blanc pour accroître le contraste à l’image. La musique, quant à elle, est forte et puissante et prend totalement part au spectacle. D’ailleurs, l’ultime tuerie, bruitée à la bouche et en musique, rend la folie et le sacrifice encore plus désaxés. Enfin difficile de ne pas parler due gargantuesque repas du corps de Conann. Encore une fois, une scène difficilement racontable, mais qui se déguste entre étonnements et dégoûts, mais avouons-le c’est quand même bien foutu. Heureusement que l’horreur est atténuée par le N&B, bien qu’exacerbée par des bruitages gluants et ragoûtants. Un film à digérer bien que pas simple à déguster.
Bertrand Mandico réalise ici un beau conte pour (grands) enfants à base de tripes et de boyaux. Que vous ayez faim ou non, il faut gouter à l’œuvre, à défaut de bouffer le cœur de Conan, pour prétendre avoir dégusté à tous les « cinémas ».