Réalisé par Avec Simone Signoret, Véra Clouzot, Paul MeurissePays: Genres : Drame, Horreur, Thriller Durée : Année de production : |
8/10 |
Comme son nom l’indique, Henri-Georges Clouzot signe un film policier diabolique avec un sens aigu de la manipulation. Avec une réalisation non conformiste, le réalisateur contera son intrigue au travers des yeux des meurtriers qui mèneront l’enquête. A l’instar du maître du suspense britannique, H-G Clouzot joue autant avec ses acteurs qu’avec son spectateur. Avec son histoire qui évolue consentement et son talentueux casting, on ne boudera pas son plaisir.
Dans un univers strict, là où l’éducation des années 50 était intransigeante, les enseignantes vont se révéler être un mauvais exemple. Dès le départ, on est mis à contre-pied face à la liaison triangulaire qu’entretiennent les trois personnages principaux. Si elle n’est jamais réellement montrée, on constate les tensions et toute la machinerie qui va se mettre en place pour faire disparaitre l’effrayant personnage diabolisé par la brillante interprétation de Paul Meurisse. Face à la maitresse plus mature et plus forte et l’épouse plus sensible, on aurait pu croire au début que les rôles étaient inversés. Mais là clé de l’intrigue se situera bien dans l’excellent choix des actrices.
Renforcé par une très belle photographie en noir & blanc, le sentiment fort de culpabilité et d’angoisse se fait ressentir à chaque instant. La tension monte à son paroxysme à chaque fois qu’un individu rôde autour de la piscine. Nous sommes estomaqués lorsqu’on constate que
Le parallèle ne pouvait être évité. D’une cinglante cruauté, le film inspira Alfred Hitchcock qui se rapprochera des écrivains Boileau-Narcejac pour en adapter un de leurs romans qui deviendra quelques années plus tard l’excellent Sueurs froides. D’ailleurs, le petit texte à la fin du film de Clouzot: « Ne soyez pas diaboliques! Ne détruisez pas l’intérêt que pourraient prendre vos amis à ce film! Ne leur racontez pas ce que vous avez vu » [Arte n’a pas dû bien comprendre le message!], sera aussi repris par Hitchcock d’une autre manière, en refusant les spectateurs qui rentreront en retard au cinéma sur la projection de Psychose. Aujourd’hui, on devrait revenir sur certains de ses principes, au nom du 7ème art!
A savoir que le film est totalement dénué de musique, si ce n’est dans le générique. Une bien courte composition de 2 min 21, une particularité suffisamment rare pour le souligner, surtout quand l’image arrive à s’étayer sans artifice musical.
Un film noir au casting brillant dont l’angoisse irrépressible rend l’œuvre moderne et intelligente. Inventif, captivant et esthétique, Clouzot a trouver la recette diabolique. Une vraie leçon de cinéma made in France.
Un chef d’oeuvre lugubre garni de nombreuses fausses routes montrant avec brio les brillantes astuces démoniaques d’un cinéma Français en très bonne santé. La scène de la baignoire est particukièrement réussie.
Le prof (Pierre Larquey) quémandant un verre de vin supplémentaire est particulièrement pitoyable.
Jacques as-tu remarqué la présence comme figurant de Johnny Halliday?
Que des personnages négatifs, du Clouzot pur porc. Paul Meurisse giflant Véra Clouzot est un moment insoutenable de cruauté. Il frappe fort le bougre sur la demande du réalisateur sans doute.
Je ne l’ai pas vu en regardant le film, mais je l’ai lu après coup sur le net et donc vu en capture.
Sinon JP un autre Clouzot à me conseiller?
Le salaire de la peur que tu connais déjà,et surtout l’assassin habite au 21 et le corbeau avec Pierre Fresnay. Pour te faire une idée je t’envoie mes deux textes sur ces films.
L’assassin habite au 21 Henri-Georges Clouzot 1942.
Sans aucun doute une rosée cinématographique céleste s’est posée sur cet opus lumineux, bouillonnant, dynamique et plein d’humour voyageant de bout en bout dans une intrigue passionnante.
Aucune gâche dans ce catalogue de bons mots éparpillés intelligemment dans un contexte sédentaire prenant et drôle permettant à des personnages sanguins d’offrir leurs vitalités verbales et physiques dans une intrigue de premier ordre.
Paradoxalement, la France occupée met au monde une œuvre d’esprit d’une jeunesse éternelle, pleine de vitalité, de suspense et de charme abreuvée constamment par le bon mot qu ‘il soit provoquant, moqueur ou ironique.
C’est du lourd dans un climat historique pesant permettant curieusement à un concept sous surveillance de se vêtir de la plus belle parure qui soit.
Un enthousiasme débordant, perpétuellement présent dans un contexte imposant uniquement un cinéma Français soporifique qu’il soit fantastique, poétique ou de délation.
Vive la liberté.
Le corbeau Henri Georges Clouzot 1943.
« Y a-t-il une frontière entre le bien et le mal ? »
Considéré comme anti-français, avec un résidu boulevardier, « Le corbeau » est avant tout un laboratoire expérimental contenant dans son noyau une machine nauséabonde, suspicieuse et délatrice, prête à l’emploi.
Le polar sert une fois de plus de cache-misère à un cinéma ayant momentanément perdu, dans un contexte particulier, une liberté d’expression.
« Le corbeau », tout en paraissant déconnecté d’un climat historique, imposant œillères et silences, saupoudre quelques messages.
L’œuvre est initiatrice, un maître de jeu démontre, par quelques missives bien pendues, la fragilité psychologique de ses concitoyens.
Le cinéma français, en ces années d’occupation, effectue par des scénarii répétitifs, une lessive interne montrant des habitants désemparés, désunis, broyés par un logiciel démoniaque lancé sur un marché déserté rapidement par la résistance et la bravoure.
« Le corbeau » n’échappe pas à la règle, une bourgade s’autodétruit en refusant la cohésion contre une pestilence initiatique.
Tous ces esprits, brusquement perturbés, se déchirent au lieu de lutter solidairement contre un appareil destructeur.
Merci JP 🙂 je vais voir ça! Deux films dont la notoriété a été reconnu.
Trés bon film malgré un final bâclé et un peu ridicule. Je préfère largement L’Assassin Habite au 21 et Le Corbeau. Quai Des Orfèvres, c’est un peu chiant par contre. Le Salaire De La Peur est un chouia trop long. J’ai aussi vu La Vérité qui est loupé. Trés bon réal Clouzot mais peut-être un poil surestimé…
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