Synopsis:
Réalisé par Avec Théo Cholbi, Erwan Kepoa Falé, Lila GueneauPays: Genres : Drame, Thriller Durée : Année de production : |
5.25/10 |
Eat The Night, film résolument moderne, se déploie maladroitement dans un univers virtuel pour lutter contre le monde hostile extérieur. Apolline, l’héroïne, connaît son jeu vidéo par cœur, mais ce qui se passe dans la réalité est bien différent du territoire magique des avatars et des créatures de Darknoon. La relation fraternelle qu’elle entretient avec son frère Pablo est fusionnelle jusqu’à ce qu’il rencontre Night. Le spectateur se trouve alors cristallisé dans une relation coup de foudre passionné. Comme souvent, l’homosexualité au cinéma est montré de façon rapide et brutale, oubliant l’émotion des protagonistes.
Les cinéastes ont eu l’audace de créer un jeu pour l’intégrer au film. Loin d’être parfait, le travail d’infographie est cohérent et va servir l’histoire et la triangulation relationnelle. Notre monde contemporain et sa jeunesse vont mal et l’issue de cette génération Z est de se réfugier dans le virtuel. Ainsi, les pixels du jeu Darknoon, accompagnés d’aucune musique, vont laisser place à des bruitages laissent respirer le vent et palpiter le souffle des avatars dans un monde ouvert déshumanisé. Ce n’est qu’à travers le « chat » du jeu que les relations se créer, mais pour combien de temps ? Ce règne digital permet à Appoline de s’évader à travers son avatar féminin hypersexualisé qui, en se faisant égorger à moult reprises, figure l’état mental libéré de la gameuse fan d’heroic fantasy.
Cependant, le film n’exploite pas toutes les possibilités narratives offertes par Darknoon. La banlieue, la romance gay et le trafic de stupéfiants en trame de fond sont mal amenés et pas toujours passionnant. La romance arrive de nulle part et le jeu vidéo façon metaverse comme réalité échappatoire est un prétexte mal exploité et pas toujours séduisant. La fin est même totalement bâclée. Pas sur sa partie jeu vidéo qui apporte presque une certaine nostalgie sur l’extinction (notamment avec un final apocalyptique ébouriffant) d’un « jeu-passion », mais plus sur l’échappée peu crédible de prison de Pablo, qui va s’accorder du temps pour finir sa « game » et indirectement retrouver un moment intime avec sa sœur.
Un travail de production fascinant dans un univers virtuel qui parlera à la génération 15-45 ans plongé dans un quotidien pessimiste et désenchanté, où les protagonistes cherchent à s’évader. Cependant, l’écriture des personnages aurait mérité d’être plus poignante pour absorber pleinement le spectateur.