Synopsis:
Réalisé par Avec Noémie Merlant, Will Sharpe, Naomi WattsPays: Genres : Drame, Romance, Erotique Durée : Année de production : |
3/10 |
Soixante ans après la publication du roman sulfureux d’Emmanuelle Arsan et cinquante ans après le succès iconique du film de Just Jaeckin, Audrey Diwan livre une relecture contemporaine coincée entre héritage et modernité de ce mythe cinématographique.
Là où le film de 1974 séduisait par sa liberté sulfureuse, Audrey Diwan tente d’inscrire Emmanuelle dans une démarche conceptuelle, à mi-chemin entre la réflexion sur l’intimité et la quête d’un érotisme intellectualisé. Malheureusement, ce choix accouche d’un résultat tiède et désincarné, incapable de transcender les clichés du cinéma érotique.
Avec Emmanuelle, le pari était risqué : comment séduire à la fois les nostalgiques en quête d’une sensualité effervescente et un public contemporain aux sensibilités exacerbées ? Le film échoue sur les deux tableaux. Les spectateurs espérant retrouver l’érotisme suave de leurs souvenirs se heurteront à une mise en scène laborieuse et dépourvue d’émoi. Quant à ceux qui espéraient une relecture féministe ou subversive, ils découvriront une vision froide et superficielle de la femme, coincée dans un capitalisme affectif qui n’inspire ni réflexion ni émotion.
Noémie Merlant, pourtant lumineuse et piquante, peine à transcender un rôle qui l’enferme dans une mécanique stérile. Si elle insuffle une certaine grâce au personnage, elle ne peut compenser une mise en scène qui annihile toute sensualité. Le désir, explicité à outrance par des dialogues inutiles et une voix off intrusive, ne laisse aucune place à l’imaginaire ou au trouble. Là où le silence et les gestes auraient pu raconter une histoire, le film se perd dans une surexplication qui tue dans l’œuf toute tentative d’érotisme.
Au-delà de ses maladresses, Emmanuelle souffre d’un mal plus profond : l’absence d’incarnation. Le film ne donne ni chair ni âme à ses personnages. La trajectoire d’Emmanuelle, censée être une initiation au désir et à la liberté, se transforme en une errance monotone, sans enjeux ni surprises. Tout semble prévisible, froid, et figé. Si quelques plans magnifient brièvement la plastique de Noémie Merlant, ils ne suffisent pas à insuffler la moindre étincelle à une œuvre qui passe à côté de son sujet.
Audrey Diwan avait entre les mains une matière riche pour réinventer Emmanuelle et lui offrir une dimension moderne et audacieuse. Mais à force de vouloir trop intellectualiser son propos, elle accouche d’un film coincé, mou et sans aucun intérêt. Ni sensuel, ni subversif, ni émouvant, Emmanuelle 2024 s’impose comme une tentative avortée, incapable de raviver l’aura d’une œuvre qui avait marqué son époque.