Funny Games (1997)

Funny Games

Réalisé par Michael Haneke

Avec Ulrich Mühe, Susanne Lothar, Arno Frisch
Pays:   Autriche
Genres : Drame, Horreur, Thriller
Durée : 1 h 48 min
Année de production : 1997
7/10

Fustigé par la presse au 50e Festival de Cannes, Funny Games a de quoi chambouler les émotions. Partant d’un environnement serin et d’une harmonie qui met à l’aise le spectateur, l’intrusion de deux jeunes garçons va bouleverser la vie d’une famille, profitant de leur journée ensoleillée dans leur maison de vacances.

Une histoire d’œufs. Tout est déclenché par une demande anodine, celle qui sera l’amorce d’une querelle qui va plus se terminer. Une excuse qui permettra de laisser la porte ouverte à deux malfrats pervers et sadique. Le réalisateur Michael Haneke nous fait vivre graduellement une violence déconcertante mise en abyme par une réalisation malpropre. L’image est granuleuse, l’environnement sombre avec un éclairage fauché, la beauté du cinéma sera vite exclue par une barbarie raffinée. Le réalisme sera la préoccupation de Haneke à défaut de rendre son œuvre esthétique.

Atrophié par les deux bourreaux, on devient à nos dépens complice de cette barbarie. Le vicieux tortionnaire va d’ailleurs se retourner vers nous pour nous questionner. Sommes-nous rassasiés du sadisme entrepris jusqu’à là ? Notre esprit va même au-delà de ce que le cinéaste nous montre. Alors que la mère de famille doit se « dépoiler », on pense directement aux violences sexuelles, qui n’arriveront pourtant pas. La tension devient asphyxiante dès lors où le fils va se faire assassiner. Ce corps étendu près de ses parents fait froid dans le dos. Le plan statique de la mère, yeux rivés au sol, laisse un silence bruyant qui accable nos oreilles. Aussi long qu’il soit, ce moment est viscéralement lourd. Il est dommage que la réaction du père ne soit à la hauteur de celui de la mère. L’interprétation des deux jeunes même si pas toujours juste est suffisamment agaçante pour nous donner envie, à notre tour, de leur bondir dessus pour leur faire passer un moment aussi agréable que ce qu’ils font subir à la famille. C’est aussi là, la force du film. Et le détail autour des gants blancs amène un coté psychotique, tout droit sorti d’un film de Kubrick, qui donne une attention singulière aux personnages. Ces deux individus à qui on aurait pu faire confiance dévoile un visage obscure et sont l’objet de la réussite et du malaise mis en place dans le film. Seule la photographie est à revoir, un point que le remake se chargera de corriger.

Sans qu’il n’y est d’influence sur mon avis, comment ne pas parler du remake tourné 10 ans plus tard par le même réalisateur. Parce que les Américains ont l’habitude de tout remaker, il est parfois sympathique de voir une vision différente d’une œuvre en y respectant l’œuvre originale. Cependant ici, j’ai voulu passer le cap du visionnage, mais après quelques plans, on se rend compte que le remake n’est qu’une « pale » copie du film original. A part les acteurs qui changent, chaque plan est identique. Pour ceux qui ont vu le film de 1997, il est donc inutile de se projeter dans l’ersatz de 2007.

Funny Games, premier du nom, est un film agréablement détestable. Malsain et glauque, Haneke torture mentalement son spectateur. Il est dommage que la réalisation et surtout la photographie soit autant bâclées rendant ce film Autrichien très hermétique.

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