Réalisé par Avec Sally Hawkins, Michael Shannon, Richard JenkinsPays: Genres : Drame, Fantastique, Romance Durée : Année de production : |
7.5/10 |
Admettre que l’eau puisse avoir une forme, c’est aussi admettre l’impossible relation entre un homme-poisson et une femme muette.
La forme de l’eau nominé 13 fois aux Oscars et gagnant de 4 Oscars peut en surprendre (négativement) certain. En effet, la naïveté de ce joli conte déroute pleinement le spectacle qu’on aurait pensé plus sensationnel. Mais alors que se cache-t-il derrière cette mystérieuse fiction?
De la musique, à la photographie en passant par la mise en scène, le film est abouti et subliment bien construit. On est captivé sur toute la durée du film sur cette triangulation entre le monstre, le bourreau et la femme. Le réalisateur développe efficacement les relations de tous ses personnages qu’ils soient acharnés, fascinants, placides, ou gracieux. Mais le « pointillisme » du réalisateur ne suffit pas. Malgré de magnifiques images, il manque un point essentiel: l’émotion! Qu’on s’attache à la créature, à l’héroïne, ou qu’on veuille détester le terrible colonel Richard Strickland, le film se conclue sans que nous soyons dans l’émotion. C’est beau mais voilà… il manque quelque chose pour faire-valoir tant de nominations aux Oscars ou tout simplement pour rendre l’œuvre incontournable. De plus, niveau marketing tout est fait pour sabrer l’émotion et la surprise. Dévoiler le plus beau plan du film, qui plus est le plan final, sur l’affiche principale du film c’est s’exposer à déconstruire toute l’âme d’une œuvre jusque-là bien échafaudée.
Mais n’enlevons pas toutes les qualités de ce conte fantastique. Del Toro s’inspirera de nombreux monstres de sa propre filmographie pour peaufiner son ensorcelante créature. Portée par la superbe musique de Alexandre Desplat, la créature aquatique conserve un maximum de mystère, on ne connaitra rien d’elle, tout autant que l’héroïne « doucement » interprétée par Sally Hawkins, conservatrice d’un certain magnétisme. Michael Shannon est quant à lui toujours aussi impressionnant, encore plus quand il interprète des rôles de « pourris ». Les tensions entre les États-Unis et l’URSS se répercute favorablement sur les enjeux et les personnages. On aurait pu penser à un reboot de l’étrange créature du lagon noire mais cette reconstitution des années 60 en pleine guerre froide exalte l’ambiance qui en devient à la fois pesante, tout autant qu’elle est poétique.
La force de l’eau manque d’intensité dans l’émotion mais reste une romance originale avec une poésie cinématographique qui réussit à notre cher Guillermo Del Toro, maître de l’ambiance bien édifiée.