Locust (2024)

 

Synopsis: À Taïwan, Zhong-Han, un jeune homme mutique d'une vingtaine d'années, mène une double vie. Employé dans un restaurant familial le jour, il rackette en bande la nuit pour le compte de parrains locaux. Mais le rachat du restaurant par un homme d'affaires véreux met en danger ses proches, et oblige Zhong-Han à affronter son propre gang.

 

Locust

Réalisé par KEFF

Avec Wilson Liu, Rimong Ihwar, Devin Pan
Pays:  France,   Qatar,   Taïwan,   États-Unis
Genres : Drame
Durée : 2 h 00 min
Année de production : 2024
6.5/10

Premier long-métrage de KEFF, réalisateur, musicien et artiste taïwanais, Locust, en dépit d’indéniables qualités, souffre de défauts communs à nombre de films actuels, en particulier une durée qui lui fait perdre en efficacité et s’éparpille. L’action se déroule à l’été 2019, avec les manifestations historiques à Hong Kong qui brillent sur la télévision et la radio.

Le cinéaste, engagé, reprenant les codes propres aux films néo-noirs, cherche à dénoncer le problème géopolitique à Taïwan, mais échoue en se focalisant finalement trop sur son unique personnage. Sa démonstration critique de la mondialisation croissante, de la perte de repères, de la corruption et du désir de rébellion peine à s’affranchir. Locust se présente comme un film de « Rape and Revenge » standard, et même trop édulcoré. En effet, la vengeance, qui devrait être le point culminant du film, est expéditive et manque de la profondeur nécessaire pour vraiment captiver le spectateur.

Quelque chose de trop conforme vient alors s’incarner dans des travellings fluides, des ralentis irréels, de longs plans tristes sur des visages absents. La mise en scène semble être rongée par le mutisme du héros, symbole d’une jeunesse hermétique au monde. Le héros est d’ailleurs très frustrant, car il ne communique pas du tout, même pas par un signe de la tête. Muet et pourtant pas sourd, l’incompréhension est souvent présente car le héros ne réagit pas et reste trop peu expressif. Cette absence totale de communication rend son personnage difficile à comprendre et à apprécier. L’amourette dans le film est un peu lancinante, cassant parfois le rythme. Elle semble être insérée pour ajouter une dimension émotionnelle, mais elle ne parvient pas vraiment à s’intégrer harmonieusement dans l’intrigue principale. L’histoire que KEFF construit au premier plan n’est pas toujours à la hauteur de son sujet – en tout cas loin des tourments de son pays qu’il nous a décrié avant la diffusion du film.

Locust est un film qui, bien qu’il se regarde sans déplaisir, souffre d’un héros peu communicatif, d’une romance qui brise le rythme et d’une dénonciation géopolitique qui ne touche pas vraiment un public étranger à Taïwan. C’est un film de vengeance qui ne parvient pas à se démarquer dans le genre.

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