Réalisé par Avec Karl Glusman, Aomi Muyock, Klara KristinPays: Genres : Drame, Romance Durée : Année de production : |
6/10 |
Présenté hors compétition au festival de Cannes, Love avait de quoi faire polémique comme la majorité des films de Gaspar Noé. Vendu comme un porno 3D, le sexe est omniprésent dans le film mais loin d’être aussi dérangeant que la polémique voulait le faire croire. Car même si la pornographie simulée et non-simulée se mêle laissant place à des scènes de sexes hot jusqu’à l’éjaculation, jamais le film se veut dégradant ou hostile. Il était cependant normal que la commission de classification des œuvres cinématographiques ait rendue le verdict plus sévère en interdisant le film aux moins de 18 ans, sans toutefois être classé X au lieu de l’interdiction de 16 ans à l’origine mise en place.
Non loin de provoquer un malaise chez le spectateur par ses scènes hardcore, Gaspar Noé a réussi son pari de réaliser un film porno avec des sentiments. Souvent on reproche aux films X ne n’avoir aucun scénario, ici le réalisateur se penche sur la douleur psychologique du personnage principal face aux sentiments qu’il éprouve pour son ex-compagne. Car le risque de pervertir leur relation en passant par le triolisme et le sexe extrême était de se perdre dans leur couple.
Tout comme Irréversible, l’histoire est racontée de façon antéchronologique (ou presque). Là où Noé se perd c’est dans l’imbrication de certaines scènes, entre autres avec le passage à l’acte d’une relation à trois subséquent à la scène d’orgie dans le club échangiste. Un non-sens pour un fantasme finalement déjà assouvi dans la genèse de la relation des deux antagonistes. Karl Glusman et Aomi Muyock sont brillants, même s’ils passent la majorité de leur temps à faire « du sexe », rendant leurs performances très limités mais leurs considérations mutuelles transpirent à l’écran. Klara Kristin, plus discrète, complètera bien cette triangulation. Noé, l’ex-copain de l’héroïne, crédité sous le nom d’Aron Pages, anagramme de Gaspar Noé sera interprété par le réalisateur him-self qui aura l’audace de se donner un rôle, heureusement mineur et soft. La faiblesse du scénario, qui pourtant nous attache à ses personnages, vient d’un problème de rythme et des monologues pesants. On tourne rapidement en rond, même si le développement de leur amour avance à petits pas – enfin recule dans le cas de Love. Les personnages sont une caricature d’une vie parisienne débridée. Eux qui viennent de l’étranger pour « étudier de l’art » en vivant de leur « amour » sans concilier autre chose que du sexe rend le tout assez creux. Enfin si ça leur remplit le frigo et paye le loyer, je veux bien leur secret.
Même si Noé a voulu faire un cinéma autre, il en reste néanmoins similaire à du bon porno entremêlé à du film sentimental à la photographie sombre et travaillée. L’innovation n’est pas assez accentuée, il nous resservira même son plan à l’intérieur du vagin déjà-vu dans son précédent film Enter the void, qui prenait bien plus de risque, avec les défauts qui en découle. Le souci est de réussir à trouver un public pour ce genre d’œuvre. Si les adeptes du réalisateur aiment son cinéma c’est aussi pour ce côté dérangeant totalement effacé ici. Tans mieux, ça nous change me dira-t-on mais le revisionnage risque d’être difficile et encore plus ennuyeux tellement les dialogues sont insipides et la trame reste simpliste, dévoilant une morale alambiquée, pas assez d’amertume et peu de questionnement.
Gaspar Noé a voulu réaliser un film personnel et débridé, en ayant en tête de faire un film porno avec des sentiments. L’alchimie fonctionne mais l’œuvre reste trop passable avec un manque considérable de profondeur (sans jeu de mot!) et dénuée d’âme, laissant parfois le spectateur sur la touche (-zizi). Un film marquant s’il n’avait pas été réalisé dans un monde perverti par des Youporn et sex-tape en tous genre. Dans 30 ans, il deviendra peut-être même qu’un vulgaire film dramatique.
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Gaëlle Pacaud-Marchi liked this on Facebook.