Synopsis:
Réalisé par Avec Léa Drucker, Mathieu Amalric, Daniel Njo LobéPays: Genres : Animation, Science Fiction, Action, Mystère Durée : Année de production : |
5.75/10 |
Mars Express se présente comme une tentative audacieuse et louable dans le domaine de l’animation française, et on ne peut que saluer cette initiative. Ce film d’animation puise dans un imaginaire rétro-futuriste qui séduit immédiatement : l’architecture inspirée, les voitures magnétiques, les robots-secouristes, tout cela témoigne d’une créativité visuelle débordante. Ces éléments de design enrichissent l’univers du film, lui donnant une identité propre, épurée, tout en rendant hommage à des influences variées, notamment le polar, la japanimation, et le cinéma de science-fiction des années 90 avec quelques clins d’œil à Ghost in the Shell.
Sur le plan thématique, Mars Express se distingue par une réflexion pertinente et actuelle sur l’habitabilité et la mobilité spatiale. Contrairement à beaucoup d’œuvres de science-fiction qui glorifient la conquête de nouveaux mondes, ce film adopte une approche critique. Il met en lumière le fait que, malgré les changements de planète, l’humanité continue de perpétuer des comportements destructeurs, notamment la recherche effrénée de profit et le rejet de l’altérité. Ce message résonne fortement avec les enjeux contemporains, en dénonçant implicitement l’utopie « solutionniste » souvent associée à la technologie et l’exploration spatiale.
Cependant, malgré ces qualités indéniables, Mars Express souffre de plusieurs faiblesses qui ternissent l’ensemble. L’animation, bien que soignée, pâtit de visages trop figés et impassibles. Cette rigidité empêche les personnages d’exprimer des émotions, ce qui crée une distance avec le spectateur et limite l’impact émotionnel du récit. Le personnage principal, interprété par Léa Drucker, manque cruellement de profondeur et de charisme. L’interprétation reste désincarnée et l’inspectrice qu’elle incarne demeure froide et distante. Ce manque de sensibilité se retrouve également chez les personnages secondaires, qui, malgré leur immersion dans un univers riche et dense, peinent à convaincre.
Le scénario, quant à lui, est parfois inutilement complexe, avec des détours qui alourdissent la narration. La fin ouverte, bien qu’intéressante, laisse place à trop de spéculations et arrive à nous frustrer sur le sens des dernières images. Une anecdote intéressante à souligner est la distinction graphique entre les personnages humains et les robots. Les humains sont dessinés en 2D par des dessinateurs, tandis que les robots sont modélisés en 3D, soulignant ainsi la dualité entre les deux formes de vie. Cette opposition visuelle renforce le propos du film sur l’incompatibilité des aspirations humaines et robotiques, une réflexion profonde qui, bien que nous ne soyons pas encore à ce stade de l’IA, interpelle sur les relations futures entre ces deux entités. Réponse à venir dans environ 200 ans !
Mars Express est une œuvre imparfaite mais courageuse, qui mérite d’être vue pour ses ambitions esthétiques et thématiques, malgré des défauts d’animation et de scénario qui l’empêchent d’atteindre tout son potentiel.