Réalisé par Avec Natalie Portman, Julianne Moore, Charles MeltonPays: Genres : Drame, Comédie Durée : Année de production : |
| 7.5/10 |
Vous en rêviez, Todd Haynes l’a fait en réunissant les deux plus talentueuses actrices du cinéma actuel: Julianne Moore et Natalie Portman.
May December met en scène l’adaptation d’un véritable scandale, celui d’une professeure de collège qui coucha avec l’un de ses élèves de 12 ans, tomba enceinte, alla en prison, en ressortit et l’épousa. Haynes transpose donc cette histoire qui avait défrayé la chronique américaine à la fin des années 1990, en vue d’un film en préparation.
A travers cette passion transgressive, Natalie Portman va alors tenter de comprendre le chemin de vie de Julianne Moore pour mieux l’interpréter au cinéma. Les incarnations sont incroyables. Ainsi, Portman singe Moore à la perfection, tant sur le mimétisme que dans son placement de langue. Par contre, le chanceux Charles Melton aura du mal à être au niveau, avec un manque de charisme et un personnage pas assez « cute » pour ce rôle qui l’a fait naître.
Habité par son rôle, Portman va s’élever au-delà de son rôle d’actrice et s’impliquer jusqu’à des scènes sulfureuses avec le jeune Charles Melton. Le discours qu’elle aura avec les élèves sera lui aussi bien percutant laissant parfois les lycées sans voix. Enfin, la simulation de l’acte « sen-sexuel » de Portman dans l’arrière-boutique de l’animalerie est pernicieuse mais tellement érotique.
Le scénario dévoile alors les interrogations sur les fondements d’une morale puritaine qui condamne une femme qui a des relations sexuelles avec un mineur, alors que l’inverse a longtemps été toléré sous l’empire d’une société à dominante patriarcale. Le triangle voyeuriste entre Natalie Portman, Julianne Moore et Charles Melton devant la caméra de Todd Haynes prend alors tout son sens afin de nous questionner sur l’Amour prohibé.
Monté avec des jingles de Faites entrer l’accusé, la tonalité devient tragique, même bien plus que ce qu’elle ne paraît à l’écran. Avec sa mise en scène simple et efficace, on regrettera cependant quelques scènes inutiles surtout dans la relation du jeune père avec ses enfants qui n’apporte pas grand-chose si ce n’est montrer que ce petit garçon de 13 ans est maintenant un père investi et assumé.
Enfin, la fin sur le tournage et donc du film aurait mérité d’être plus percutante avec un parti-pris plus assumé. Portman prouve qu’elle a tout d’une grande, mais la dernière scène aurait mérité d’être plus impérieuse.
Issu du croisement étrange entre une intrigue de tabloïd et une réflexion sur le travail d’actrice, May November est un film ingénieux par l’interprétation magistrale de ses deux actrices. D’un épisode de Faites entrer l’accusé en ressort un bon film de reconstitution dramatique.
Nota: “Le titre est un terme en anglais qui n’a pas d’équivalent dans une autre langue. Cela fait juste référence à une relation amoureuse entre une personne plus jeune et une personne plus âgée, puisque mai et décembre”
