Réalisé par Avec Anthony Hopkins, Joan Allen, J. T. WalshPays: Genres : Histoire, Drame Durée : Année de production : |
6/10 |
Après l’excellent JFK autour de la vie John Fitzgerald Kennedy et avant W., l’improbable président développant la vie de George W. Bush, Oliver Stone s’est attardé en 1995 sur le biopic de Richard Nixon, figure politique des États-Unis détestable et mal appréciée du grand public. Si le film se veut dense autour du président de la première puissance mondiale, il en reste pas moins long livrant un regard froid et désabusé d’une partie de l’histoire des États-Unis.
A travers les grands événements de la politique US de l’époque (révisez un peu votre histoire pour pleinement l’apprécier), on suit toute l’évolution du président Richard Nixon. De ses doutes dans les années 50 après avoir été le vice-président d’Eisenhower à son échec aux élections contre Kennedy, la vie tourmentée de Nixon, qu’elle soit publique ou privée, est complexe. La politique extérieure de l’époque, en pleine guerre froide, n’était pas non plus très aisée. Entre les conflits avec l’union soviétique, l’attaque de la baie des cochons à Cuba, et d’intenses négociations dans l’implication des E-U dans la guerre du Viêt Nam avec un massif bombardement au Cambodge estimé à un nombre plus important que les bombardements des Alliés durant la Seconde Guerre mondiale, le président Nixon n’avait pas une popularité exacerbée, bien qu’il pût s’offrir un second mandat à la présidence. Cependant, bien que le film soit fortement documenté et dense, il a quelques manques autour de la conquête spatiale qui aurait apporté une touche moins sombre au mandant de Nixon avec le « plus important appel téléphonique jamais passé depuis la Maison-Blanche » entre spationautes et président (ndlr: même si ce dernier n’a pas maintenu après coup le financement élevé de la NASA). Loin de se concentrer uniquement sur l’affaire du Watergate, on est assez frustré de ne pas en voir assez d’interacteurs sur cette sombre affaire avec l’absence de l’implication de l’informateur Gorge profonde. Il est dommage d’avoir pris beaucoup de temps sur la naissance politique de Nixon, sans forcer le trait sur sa mort. C’est quand même l’affaire qui conduira Nixon à démissionner le 9 août 1974 afin d’éviter sa probable destitution en perdant la plupart de ses appuis politiques. Les écoutes téléphoniques existent mais sont mal introduites, faute de connaitre pleinement tous les enjeux politiques de l’époque. La relation amicale qu’il entretient avec le FBI et J.Edgar Hoover, les différends avec sa femme et certains personnages complexes nous dépassent parfois.
Incarné par un impeccable Anthony Hopkins, Nixon affecté par sa personnalité reste un politicien mystérieux et incompris. Hopkins ne se livrera pas dans une caricature du personnage, il est véritable en reprenant la gestuelle et les manies du président avec une placidité incroyable. Le réalisateur, Oliver Stone parle d’un pays qu’il admire avec toute sa complexité politique pour en retranscrire toutes les vérités de l’histoire, en tout cas celle qu’il s’est approprié en tant que Républicain. L’important travail de documentation réalisé en amont crédibilise l’ensemble, mêlant images d’archives et scènes de dialogues tourmentées. Il aurait peut-être fallu raccourcir le tout pour le rendre à la fois plus dynamique, moins dense et surtout moins long sur un président qui a de toute façon un effet synergique moindre qu’un JFK, d’où le manque parfois d’intérêt de la naissance politique du président.
Entre réalisateur et historien politique, Oliver Stone poursuit sa radiographie de l’histoire des États-Unis en livrant un biopic dense et documenté sur le scandale du Watergate qui a touché un pays branlant et un président aussi antipathique qu’apitoyant, nous laissant parfois passif face à la longueur du récit.
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