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Réalisé par Avec Rock Hudson, Salome Jens, John RandolphPays: Genres : Science Fiction, Thriller Durée : Année de production : |
7.75/10 |
Film peu connu qui n’a jamais siégé dans la mémoire cinéphile collective et pourtant du talent se cache derrière cette opération diabolique. En effet, face à une réalisation ultra-contemporaine, le film nous plonge dans une ambiance inquiétante face à générique totalement difforme et une musique signé Saul Bass à la tonalité angoissante.
Les vingt premières minutes sont les plus réussies. Le côté expérimental, sans que nous sachions où nous allons est hyper engageant. Les cadrages déformants à la courte focale, le noir et blanc très contrasté et la musique dissonante de Jerry Goldsmith entretiennent le malaise. Dans des décors parfois épurés, on navigue à travers une adresse qui nous guide vers l’inconnu.
Cette première partie est surtout marqué par l’inventivité du directeur de la photographie James Wong Howe qui a utilisé à bon escient les déformations d’images et des objectifs grands angles tout en filmant de près, rendant la vision du spectateur chirurgicale. Des prises de vues compliquées pour l’époque qui n’avait pas encore des caméras légères. Ici, Frankenheimer invente l’effet GoPro, surplombant l’épaule de son personnage principal, sauf que derrière l’artillerie devait être lourde! On appréciera aussi la trop courte scène de rêve avec un décor lorgnant fortement dans le surréalisme. Il est juste dommage que cette séquence d’ouverture qui donne le ton avec une caméra très mobile ne soit pas conservé durant le reste du film. Le plaisir est telle qu’on aurait aimé voir continuer cette alchimie.
Lorsque notre héros passe par les mains des chirurgiens, on est rapidement projeté dans sa nouvelle identité, celle d’Antiochus « Tony » Wilson. Lors de sa première rencontre, devenue rapidement amoureuse, s’en passe un passage un peu pénible, oubliant le côté funeste et imaginatif de l’intrigue. Cette inconsistance se résume à la réjouissance du couple à écraser nu du raisin dans une scène de bacchanales hippies aussi longue qu’inutile. Il est dommage que le ton du début soit dérouté, laissant une irrégularité sur la forme et la fond avec le reste. Bien heureusement, on retrouvera l’ambiance escomptée du début lorsque notre homme se posera des questions sur sa nouvelle identité en retrouvant les fédérateurs de l’entreprise mystérieuse. Avec une fin aussi noire qu’idéale (même si j’ai rapidement « grillé » le twist final), on est médusé d’avoir côtoyé de si près la quatrième dimension.
L’absence du réalisateur à la conférence de presse du Festival de Cannes de 1966 suite à une réception très mitigée, à croire qu’il n’assumait pas son film, n’aidera pas à promouvoir l’œuvre. Pourtant elle possède une réalisation d’un autre temps, certainement pas attendue à cette époque? En tous les cas, après quelques années de purgatoire, la sortie DVD lui offrira une sorte de résurrection.
La mise en scène de Frankenheimer reste singulièrement moderne. Même si le film fût un échec en 1966, L’opération diabolique (Seconds) s’offrira une seconde chance avec une restauration DVD qui met en exergue une réalisation osée et une histoire captivante aux limites de la quatrième dimension.
Фрёдёрик Грзебиелуча liked this on Facebook.