Réalisé par Avec Emily Blunt, Benicio del Toro, Josh BrolinPays: Genres : Thriller, Mystère, Crime, Drame, Action Durée : Année de production : |
6.75/10 |
Avec Denis Villeneuve, on sait généralement que l’on va devoir faire jouer nos émotions. Se focalisant cette fois-ci sur les cartels sud-américains et les trafics de drogues, il va s’insérer dans un sujet déjà traité à de multiples reprises au cinéma. Ma crainte était de voir le film se rapprocher d’une construction chorale comme le film Traffic avec Benicio Del Toro (à croire que son look Portoricains le rapproche un peu trop du Mexicain et de sa cocaïne!) qui m’avait laissé un douloureux souvenir lors de sa sortie. Au-delà d’une histoire vraie, Denis Villeneuve va réaliser une œuvre pesante entre le film d’auteur et le film dénonciateur sous le regard de son directeur de la photographie, Roger Deakins. Le genre de film qu’on ne revoit pas facilement comme beaucoup d’œuvres complexes et tortueuses de sa filmographie.
Appuyé par un fort thème sous tension composé par Jóhann Jóhannsson, l’intrigue se glace dès lors où les sonorités crépusculaires retentissent. Jamais une B.O n’aura pris autant d’envergure face à des images lancinantes et graduelles. En effet, Villeneuve réalisera un thriller mystérieux, avec une alternance habile de scènes d’action tendues et de moments plus intimes autour des personnages. Avec une trajectoire singulière, l’intimidation des sicaires laminera à petit feu les rouages d’une mafia sous haute surveillance.
Mais si l’ambiance est bien là, tout n’est pas réussi. La psychologie autour du personnage d’Emily Blunt est mal décrite, son personnage reste l’élément faible, pour ne pas dire chiant, du film. Comme si une stagiaire s’était glissée dans une mission à haut risques, écartelée entre deux camps. Elle passe son temps à ne rien comprendre, elle-même ne sait pas pourquoi elle est là. Josh Brolin, personnage décontracté, chewing-gum en bouche et tong aux pieds, au premier abord bien trop stéréotypé, va heureusement prendre un peu d’épaisseur lorsqu’il s’engagera sur le terrain. Mais c’est Alejandro joué par Benicio Del Toro qui reste le plus charismatique et intéressant. On regrettera quand même que son point de vue n’ait été mis en évidence que sur le dernier tiers du film. Car à lui seul il justifie toute la mise en scène autour des cartels mexicains et déploie une puissante violence qui gravite autour de la drogue et de ses dommages collatéraux. Cependant, l’ambiguïté autour de son personnage renforce encore plus l’effet de vide sur sa collègue Macer/Blunt. On regrettera que l’intrigue n’incite pas plus à la réflexion avec une fin sombre et fermée.
Un thriller atmosphérique, bridé par un manque de profondeur de son héroïne Blunt, mais rattrapé pour la juste cause par Del Toro. Denis Villeneuve décrit une violence autour des cartels de la drogue avec un arrière-goût de déjà-vu. Mais la réalisation viscéralement forte, accompagnée par une bande originale sensorielle, donnera une production avec une véritable âme.
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