Compétition officielle
Réalisé par Avec Peter Simonischek, Sandra Hüller, Lucy RussellPays: Genres : Drame, Comédie Durée : Année de production : |
3/10 |
Subissant moins de projection que ses rivaux avec sa réalisatrice allemande sortie de nulle part et une durée de plus de 2h40, Toni Erdmann n’était absolument pas attendu du côté des marches au Festival de Cannes. Et c’est peut-être la raison qui le pousse à être autant aimé, que détesté.
Pour voir du côté positif, la réalisatrice Maren Ade qui nous pond un OFNI aux allures pourtant conventionnelles qui peuvent avoir l’effet d’un renouveau dans la sélection Cannoise. De l’autre, pour se pencher du côté négatif, on a le droit à un pamphlet long et rébarbatif qui sur la durée nous achève totalement. Et je me situe malheureusement dans ce cas, dans des conditions marathoniennes pas évidentes pour digérer une telle œuvre.
A travers les personnalités dominantes de deux personnes d’une même famille, le film va alors se diviser en deux visions de la vie différentes: Inès, la fille, femme d’affaires qui mène une vie millimétrée, remplie de projets et d’ambitions et avec Winfried, le père, un sexagénaire peu préoccupé par son futur, peu engagé, qui passe son temps à faire des blagues d’écoliers. Si son « running gag » avec son dentier nous fait sourire, on cherche continuellement à connaitre ses intentions, avec cette obstination de savoir où va s’orienter le film.
Papa Conradi va alors se transformer en Toni Erdmann, un invraisemblable « consultant et coach » qui va s’incruster dans la vie professionnelle d’Ines, vu que sa vie privée est quant à elle inexistante. Dépeignant une réalité sociale, les longueurs s’accumulent. Pourtant pas dénué d’humour, cette intention d’étirer le film devient même pénible. Un travail d’usure qui aura des conséquences positives dès lors où le brunch va mal tourner pour se transformer en va-et-vient naturiste. Et dès lors où le repas se met à « poil », l’apparition du monstre poilu va faire esclaffer la salle. Pas de quoi rire, mais la situation ubuesque et les longueurs autour des moments de vides, vont être enfin remplie par cette scène absurde qui garde un rythme un peu plus animé que le reste du film.
Même si l’intrigue se résumant à une déclaration excessive et clownesque d’un père vis-à-vis de sa fille, il est étonnant de voir le film s’étirer autant surtout pour n’en garder en mémoire que quelques bribes de film. Pas de quoi ramer durant 2h40, surtout pour au final nous laisser sur une plate émotion face à une œuvre insuffisante, même si la réalisation reste très honnorable. C’est plus le rythme et la durée qui rend le film indigeste, même à poil! Mais tout n’est pas perdu, après avoir foulé les marches de Cannes, Toni Erdmann repartira avec le Prix de la critique Internationale (Prix Fipresci) et gagnera certainement en notoriété, bien plus que s’il n’avait été diffusé que dans son pays d’origine. Que les « anti-aficionados » du festival de Cannes se rassurent, il n’y a pas que les marches rouges qui sont visibles. Cannes c’est aussi ce cinéma difficilement palpable et tangent!
Spécial… mais peut être pas assez, il faut juste adhérer et être patient! Si papa cherche obstinément à faire revenir sa fille sur le territoire de l’enfance, cette double vision de la vie est franchement longue et parfois chiante. Une volonté poussive et étirée (2h40 quand même!) pour dépeindre un monde fade, résumant finalement l’œuvre de Maren Ade.