Réalisé par Avec Joseph Gordon-Levitt, Ben Kingsley, Charlotte Le BonPays: Genres : Aventure, Drame, Thriller Durée : Année de production : |
8.5/10 |
The Walk s’ajoute aux nombreux biopics existant au cinéma. Et si l’histoire de Philippe Petit, funambule français, peut paraître banale et qu’il n’est pas évident de s’attarder plus de deux heures sur son exploit, Robert Zemeckis arrivera à prendre de la hauteur pour rendre la narration intrusive, humaine et captivante. D’ailleurs, si le projet m’a intéressé c’est essentiellement pour voir le travail de Zemeckis élevé la prouesse insensée de Philippe Petit qui avait déjà fait couler un peu d’encre lors des Oscars 2009 avec le documentaire Le funambule.
The Walk est adapté du livre « To reach the Clouds » écrit par l’équilibriste. Mais Zemeckis avait déjà pensé à mettre en images le biopic il y a une dizaine d’années. La mort des deux tours étant encore trop récente dans l’actualité, il était délicat de se pencher sur leur naissance, face à ce petit homme qui a voulu les enjamber, alors que deux avions venaient de les détruire. En effet, outre le fait que le film retrace l’exploit de l’acrobate, Robert Zemeckis rend un véritable hommage au World Trade Center. Recréées partiellement en studio, puis par ordinateurs, les deux tours s’imposent comme deux montagnes de béton à l’entrée de New York City. L’image finale est criante de beauté face au charme muet des édifices.
C’est à 417 mètres de hauteur que Philippe Petit à voulu faire son « coup ». Mais le réalisateur ne sautera pas trop rapidement sur l’occasion de s’envoler en haut des deux tours, même si c’est raconté dans les premières secondes de film. Il décrira avec tacts les débuts de l’équilibriste avec son premier métier au sein d’un cirque, sa rencontre avec Annie et ses premières mésaventures clandestines et illégales orchestrées en France dont l’ascension de la cathédrale Notre-Dame. Et dès lors où il arrive toujours à ses fins, notre héros veut toujours aller plus haut, plus loin et conquérir le rêve américain au regard d’une France craintive. Coïncidence de l’époque, les deux tours les plus grandes du monde sont en construction. S’ensuit un enchainement de scènes autour de la technique pour pouvoir tirer un câble entre les deux buildings. Toute la procédure est chronométrée et millimétrée et le réalisateur traduit avec brio l’ambiance et profite pour monter un faux suspense qui nous tient en haleine jusqu’au bout. A travers la caméra de Zemeckis, le funambule ira jusqu’au bout pour vivre son rêve avec ingéniosité et arrogance! Sans négliger la sécurité, ce fou furieux défiera la vie, à défaut de vouloir rencontrer la mort! A l’origine, Philippe Petit devait interpréter son propre rôle en motion capture pour pouvoir être rajeuni. Maketingement, Joseph Gordon-Levitt fût une évidence pour le remplacer, surtout qu’il lui fallut que quelques jours pour arriver à marcher sur un fil, soutenu par l’inspirateur et consultant Philippe Petit. Charlotte Le bon viendra apporter sa touche française en amenant fraicheur et légèreté. Pour rendre toujours plus crédible son personnage, Joseph Gordon-Levitt, habillé de lentilles bleues, s’exprimera en anglais avec un petit accent français, un petit détail qui mérite de contempler le film en V.O, même si le mélange des langues et des acteurs peut être contestable!
Seul véritable reproche que l’on peut faire à la mise en scène, c’est d’avoir mis l’acteur en narrateur nous sortant parfois de l’histoire. De plus, le placer en haut de la statue de la liberté rend les images à la fois fausses et « cheap » alors que le film est hyper réaliste avec une réalisation très contemporaine sur un fait d’actualité qui date pourtant de 1974! Mais hormis ce petit détail, tout est sublimement chorégraphié et photographié par Robert Zemeckis, comme a pu le faire Philippe Petit durant son exil aux États-Unis. Dès lors où l’artiste met le pied sur le fil on pense que tout va se terminer très vite. Mais l’acrobatie durera plusieurs longues minutes (45 minutes dans la réalité). Le funambule joue, vole et rêve narguant les policiers, estomaqués de voir cet homme dans les airs, qui l’attendent de chaque côté. Les New-Yorkais se tordent le cou pour découvrir cet homme-oiseaux. Il sait que dès lors où il mettra son pied sur Terre, son rêve sera terminé. Grâce à Zemeckis, nous sommes aux plus hautes et belles loges pour contempler le spectacle. Avec une certaine fébrilité, nous sommes spectateurs d’une prouesse face au gouffre, devant un spectacle qui fait froid dans le dos. Zemeckis n’oubliera pas de nous rendre aussi « acteur » de son exhibition en montrant quelques vues subjectives qui nous projette totalement dans les airs. Ça fout l’tournis! La beauté des images se mêle avec la virtuose performance de Joseph Gordon-Levitt. Jamais les images de synthèse n’ont été aussi utiles et jouissives. L’équipe du film fait revivre un monument à la fois pour sublimer cette traversée unique mais aussi pour la mémoire! Alan Silvestri, collaborateur très régulier de Robert Zemeckis, occupera nos oreilles pendant que nos yeux sont ébahis par le spectacle. Une performance sur le papier qui semblait pourtant banal! A la suite de cet exploit insensé, on en ressort juste émerveillé.
Résultat vertigineux d’un poète de l’éphémère qui un mercredi 7 août 1974 va défier la mort en traversant les deux tours du World Trade Center sur un fil. Exploit encensé par un Robert Zemeckis brillant, rendant autant hommage au funambule français Philippe Petit, qu’aux deux tours aujourd’hui disparues. Un biopic élancé et surprenant.
Je peux pas, j’ai le vertige!^^
Alors l’impression de vide sera encore plus grande pour toi, quelle chance!!!